Conférence "Bio entre business et projet de société" de Philippe Baqué

Publié le par Patrice Vidieu

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                          Agriculture biologique et développement local

L'association ’« Le lieu Commun » a invité Philippe Baqué, journaliste et documentariste indépendant  ce samedi 19 Janvier à la salle des fêtes de Loubressac pour nous présenter un livre collectif résultat d’une enquête menée sur plusieurs continents par une équipe composée de journalistes,sociologues, agronomes et paysans :

 

«  La Bio entre business et projet de société » aux éditions Agone. Des constats : Une mer de plastique recouvre le sud de l’Andalousie sur quelques milliers d’hectares. Sous ces serres sont produits à longueur d’année des fruits et des légumes qui inondent les supermarchés européens. Au milieu de cette production industrielle intensive, la production en agriculture biologique a fait son apparition ; c’est le cas dans la province de Huelva ou la société Bionest produit sur plus de 500 hectares de la fraise bio en monoculture pour l’exportation. Les femmes venues des pays pauvres sont exploitées sans droits et sans défense possible.

 

Plus de 80 personnes sont venues échanger avec lui pour réaffirmer que les dérives multiples de l’agriculture biologique intensive qu’il nous a présentées sont en totale contradiction avec les valeurs portées par les précurseurs de l’AB et les nombreux paysans qui les défendent aujourd’hui.

A savoir une agriculture relocalisée qui crée de l’emploi sur des structures à taille humaine, économiquement performante, préservant l’environnement et l’équilibre des territoires ; et fournissant bien sur des aliments sains aux consommateurs.

Les obstacles rencontrés pour la progression des surfaces cultivées en agriculture biologique sont les mêmes que ceux qui bloquent la mise en place d’une agriculture paysanne, seule alternative au modèle dominant fondé sur le pétrole et la chimie : l’accès au foncier pour les candidats à l’installation, l’agrandissement continuel des exploitations et le cumul des aides, la mainmise des lobbies agro-chimique et agro-alimentaire sur le développement agricole. Et tout cela accompagné et encouragé par les chambres d’agriculture et la FNSEA. Seule une volonté politique forte pourrait inverser la tendance : en tout premier lieu un changement profond de la politique agricole commune avec des aides mieux réparties et  légitimées par les réels besoins de l’ensemble de la société ; par un respect total de la souveraineté alimentaire de chaque pays ou groupe de pays : il est inacceptable de chasser des petits paysans de leurs terres pour cultiver du soja, qu’il soit OGM ou Bio, pour être exporté et venir engraisser des animaux élevés dans  les pays du Nord. La recherche publique et l’enseignement agricole doivent aussi se réorienter vers l’agriculture paysanne et l’agriculture biologique.

Au niveau local la prise de conscience se fait lentement à tous les échelons : Conseil régional, Conseil général, Communautés de Communes… En septembre dernier s’est tenu à Cahors un séminaire organisé par le Conseil Général du Lot sur « la bio et la restauration collective » scolaire qui a eu le mérite de réunir tous les acteurs concernés : producteurs, chefs de cuisine, gestionnaires, enseignants, parents et élus. Une démarche pédagogique est nécessaire pour changer les pratiques et les introduire progressivement. Mais il reste très difficile pour l’instant d’adapter l’offre à la demande : Les producteurs sont déjà fortement impliqués dans la vente locale et trop peu nombreux pour répondre aux appels d’offres.

 Un appui technique et une animation dynamique sont indispensables dans le Lot et ailleurs pour encourager l’agriculture biologique ; ce que la Chambre d’agriculture refuse et méprise pour l’instant. Les élus locaux peuvent s’engager comme le font déjà certains en réservant ou en achetant des terres sur leur commune pour installer des candidats voulant pratiquer une agriculture de proximité. Les participants voulant encourager les producteurs par leurs achats ont demandés plus de visibilité des fermes, des points de vente, et des produits proposés. Le problème du pouvoir d’achat des consommateurs a été évoqué rejoignant des problèmes de politique générale mais aussi des changements indispensables dans la façon de consommer.

Les échanges ayant donné de l’appétit aux participants, les conversations se sont poursuivies autour d’un buffet paysan offert par l’association le Lieu Commun.

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K
nice post
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